Quand on vit en Chine, on entend souvent cette phrase : “买房子是最重要的” (mǎi fángzi shì zuì zhòngyào de – acheter une maison est la chose la plus importante). Elle résume parfaitement la place centrale de l’immobilier dans la culture chinoise. Mais depuis quelques années, ce désir ne se limite plus aux frontières nationales : de nombreux Chinois cherchent à investir à l’étranger.
En tant qu’expat en Chine, j’ai souvent entendu mes amis ou collègues parler de leurs projets immobiliers au Canada, en Australie, aux États-Unis, ou même en Europe. Alors, pourquoi cette tendance ?
1. La culture du “propriétaire”
En Chine, posséder un logement n’est pas seulement une question de confort : c’est un signe de stabilité, de respectabilité, et même une condition quasi indispensable pour se marier. Beaucoup de familles considèrent qu’un homme doit avoir un appartement pour pouvoir fonder une famille.
Mais dans les grandes villes chinoises, les prix de l’immobilier ont flambé à des niveaux astronomiques. Résultat : certains préfèrent tourner leur regard vers l’étranger, où les prix peuvent paraître plus abordables pour eux, ou au moins plus stables.
2. Diversification et sécurité
L’immobilier en Chine est souvent perçu comme risqué ces dernières années. Les grandes entreprises comme Evergrande ou Country Garden ont connu de grosses difficultés, et ça a ébranlé la confiance de nombreux investisseurs locaux.
"Investir à l’étranger devient alors une manière de diversifier son patrimoine. Acheter un appartement à Vancouver, Ile Maurice Londres ou Paris, c’est pour beaucoup un moyen de sécuriser ses économies, de mettre son argent “à l’abri” dans un environnement jugé plus stable." explique Stéphanie qui acceuille de nombreux clients Chinois à l'ile maurice dans son agence kezia
3. L’éducation des enfants
C’est un des arguments les plus fréquents. Beaucoup de familles chinoises rêvent d’envoyer leurs enfants étudier à l’étranger. Acheter un appartement près d’une université, que ce soit à Sydney, Boston ou Lyon, devient alors un double investissement : logement pour l’enfant, et patrimoine qui prend de la valeur sur le long terme.
Je me souviens d’une collègue qui avait acheté un petit studio à Toronto, simplement parce qu’elle espérait que sa fille aille étudier là-bas dix ans plus tard. Pour elle, c’était un projet de vie familiale autant qu’un investissement financier.
4. Un statut social
Dire qu’on a un bien immobilier à l’étranger, c’est aussi un signe de réussite. Dans certaines conversations que j’ai eues avec des amis chinois, il y avait presque une fierté à dire : “J’ai un appartement à Melbourne” ou “J’ai acheté à Dubaï.”
Dubai 4e destination pour les chinois investisseurs.
C’est un symbole de modernité, d’ouverture au monde, et d’aisance financière. En Chine, où la réussite est souvent affichée (montres, voitures, voyages), posséder un bien immobilier à l’étranger est une nouvelle manière de montrer son statut.
5. Préparer un plan B
Il y a aussi une dimension plus pragmatique : beaucoup de familles chinoises voient l’investissement à l’étranger comme une façon de préparer un plan B. Avoir un pied-à-terre hors de Chine peut faciliter une éventuelle émigration, ou au moins offrir une option de repli en cas de changement économique ou politique.
Un ami m’a confié un jour : “On ne sait jamais de quoi demain sera fait, alors autant avoir une porte de sortie.”
6. Des circuits bien rodés
Ce qui m’a impressionné, c’est à quel point le marché s’est structuré autour de cette demande. En Chine, on trouve des salons entiers dédiés à l’immobilier à l’étranger. Des agences spécialisées proposent des packs “clé en main” : achat, gestion, location, voire obtention de visas via l’investissement.
Un samedi, par curiosité, je suis allé à un de ces salons à Shanghai. On y voyait des stands de promoteurs canadiens, australiens, français, avec brochures en chinois et traducteurs prêts à répondre à toutes les questions. L’ambiance était presque celle d’un supermarché de l’immobilier international.
Anecdote d’expat
J’ai un ami chinois, ingénieur à Pékin, qui a acheté un appartement à Lisbonne. Quand je lui ai demandé pourquoi il avait choisi le Portugal, il m’a répondu : “Le climat est agréable, c’est en Europe, et c’est moins cher que Paris ou Londres. Et surtout, ça me donne un visa pour voyager plus facilement.”
Il n’avait pas prévu d’y habiter, mais pour lui, c’était une porte ouverte sur un autre monde, un investissement “utile”.
Donc...
Les Chinois aiment investir dans l’immobilier à l’étranger pour des raisons multiples : culture de la propriété, recherche de stabilité, projets éducatifs, statut social, ou encore sécurité pour l’avenir.
En tant qu’expat, je trouve fascinant de voir à quel point cet appétit immobilier reflète les priorités profondes de la société chinoise : la famille, l’éducation, la sécurité, et le désir d’ouverture sur le monde.
Alors, la prochaine fois que vous croiserez un Chinois qui vous parle de son appartement à Vancouver ou à Paris, ne voyez pas seulement un investisseur avisé : voyez aussi une personne qui construit un projet de vie, mêlant traditions locales et aspirations globales.
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