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Le week-end, les enfants en Chine ne s'amusent pas, ils bossent


Le week-end, les enfants en Chine ne s'amusent pas, ils bossent

En Chine, le week-end, beaucoup d'enfants ne jouent pas. Ils prennent des cours de rattrapage, de piano ou apprennent une deuxième langue étrangère. Pour les parents, multiplier les activités extra-scolaires de leurs enfants, c'est leur donner toutes les chances de réussir. Mais à quel prix ?
Quel est ta date d'anniversaire?", demande la professeur à Yifan. Coiffée de deux queues de cheval, la petite ouvre grand les yeux quand l'institutrice lui adresse la parole. Nous sommes samedi matin, 10h15. Huit petits chinois sont assis en tailleur sur des tapis colorés. Leurs yeux sont suspendus aux lèvres de Yifan.
"Mon anniversaire… c'est le… 20…mars", bégaie la petite, en français dans le texte. Depuis septembre, elle suit des cours de français pour enfants à l'Alliance Française.

Et si elle y est, ce n'est pas un hasard. Il y a quelques temps, elle a habité un an et demi à Paris, où son père travaillait, avec sa famille. Elle a fréquenté l'école américaine et avait une leçon de français par jour. En l'inscrivant au cours, son père espère qu'elle garde le lien avec la langue et la culture.
Même scène dans la bibliothèque de l'institut Goethe, dimanche matin, 9h15. Pour Felix, petit chinois de 6 ans, les nouveaux mots en allemand ont ressemblent un peu à du martien, mais il devra les apprendre très vite. Ses parents se préparent pour un séjour en Allemagne, et ils espèrent pouvoir inscrire leur enfant en septembre prochain dans une école germanophone.
Objectif : une bonne note au bac chinois
"Si les enfants viennent ici, ce n'est pas pour jouer et ce n'est jamais un hasard", explique Cordula Hunold, responsable de l'enseignement de l'allemand des Institut Goethe en Chine.
Les objectifs des parents sont très clairs. Ils veulent que leur enfant puisse obtenir une bonne note au "gaokao", le bac chinois. Car c'est cette note qui décidera dans quelle l'université l'étudiant pourra s'inscrire et qui de fait déterminera en grande partie l'avenir de l'enfant.
Les petits doivent être au top très tôt, car en Chine, la compétition commence dès le berceau et continue tout au long de la vie. Selon un article paru dans le magazine américain Psychology Today, la réussite scolaire n'est pas suffisante : pour 4 millions de diplômés en Chine, seuls 1,6 millions d'emplois au niveau universitaire étaient disponibles en 2008.

C'est pourquoi pour donner toutes les chances à leur unique enfant, les parents consacrent beaucoup de temps et de moyens à lui fournir une excellente formation, y compris les activités extra-scolaires, pour un cv bien préparé à l'avance.
Des programmes spécialement adaptés à la Chine
Alors que les élèves passent déjà en moyenne 8,6 heures par jour à l'école, c'est à dire plus d'heures que leurs parents au travail, leurs week-ends sont chargés de cours de rattrapage, de peinture, de musique, de sport et de langues.
Pour répondre à cette demande d'activités extra-scolaires et aux attentes des parents, l'Alliance française et l'Institut Goethe ont adapté leur programme international aux enfants chinois. Les leçons restent ludiques, mais en Chine, les enfants reçoivent des devoirs après les cours, et leurs progrès sont supervisés en continu.
"Les enfants sont des élèves, mais leurs parents sont également des clients, affirme Pascaline Bazin, responsable pédagogique adjoint à l'Alliance française. Nous proposons un concept d'apprentissage adapté aux enfants, mais on se demande aussi quels sont leurs besoins ? Et de là, on trouve un compromis avec les parents".
Une négociation donc, qui inclut aussi un suivi proche de l'enfant. Souvent les parents parlent aux professeurs après la leçon. "Sinon, comment voulez vous que je puisse aider mon enfant à avancer, si je ne sais pas ce qu'il a appris au cours ?", explique Xu Ning, une des mamans qui ont attendu leurs enfants pendant trois heures dans la bibliothèque de l'Institut Goethe.
Pendant six mois, elle fera tous les dimanche 40 à 60 minutes de trajet en voiture pour amener sa fille de sept ans et demi au cours d'allemand. "Ce n'est pas un problème. Ma fille n'a pas beaucoup d'activités le week-end. Elle suit des cours d'allemand, de violon et fait un peu de sport".
Seule envie : une bonne nuit de sommeil

Néanmoins, si l'emploi du temps de la fillette n'est pas si chargé que ça pour une petite chinoise, une étude publiée en janvier 2010 par le China Daily montre que beaucoup d'enfants de son âge se sentent surmenés par de trop nombreuses activités scolaires et extra-scolaires. Et cela peut même s'avérer dangereux pour les petits.
Selon le sondage, un tiers des élèves chinois souffre de troubles psychologiques dus aux pressions à l'école ou à la maison. 81% des enfants entre 9 et 12 ans ont affirmé qu'ils s'inquiétaient beaucoup pour les examens. Un tiers d'entre eux atteste d'avoir des maux de tête ou d'estomac, symptômes psychosomatiques de stress, au moins une fois par semaine.
"Une bonne nuit de sommeil", c'est la seule chose que désirent plus de la moitié des enfants interrogés pour d'un autre sondage réalisé par le Centre de Recherche pour la Jeunesse et l'Enfance en Chine en 2007. L'étude montre que de plus en plus d'enfants, occupés après l'école par les devoirs ou par d'autres activités, n'ont plus de temps de jouer, et qu'à peine la moitié entre eux a des amis avec qui passer du temps libre. 
Mais la formation passe avant tout. "En Allemagne ou en France, seuls ceux qui suivent une formation pour surdoués sont aussi occupé en semaine ou le week-end, affirme Cordula Hunold. En Chine c'est l'état normal des choses".

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